Je travaille souvent au Théâtre de la Porte Saint-Martin. D’abord parce que j’aime beaucoup le directeur, mais aussi parce que c’est pour moi le Théâtre qui a le plus d’audace et le moins de snobisme dans tout Paris. La preuve, en ce moment dans la petite salle Marcial Di Fonzo Bo met en scène Music-Hall de Jean-Luc Lagarce avec Catherine Hiegel dans un de ses plus beaux rôles (C’est ce qu’on se dit chaque fois qu’on voit Catherine sur scène : « tiens, c’est sûrement son plus beau rôle »). Tous les soirs elle chausse ses talons, sa mélancolie, elle devient « La Fille » et elle dit ce texte qui est un de mes préférés de tout le répertoire contemporain. Et pendant ce temps-là, dans la grande salle de ce même Théâtre, Chantal Ladesou joue 1983, un Boulevard, un gros Boulevard, un bon vieux gros Boulevard, mais scénographié et éclairé par des génies du Théâtre public, qui font à Chantal Ladesou un écrin comme elle n’a jamais eu pour déployer sa folie, son surnaturel sens du rythme, et son génie comique. Hiegel/Ladesou. Deux Reines que tout oppose mais qui se partagent un Royaume, ce Theatre qui n’a pas peur des grands écarts et qui ne croit pas qu’il faut détester un Monde pour en aimer un autre. @marcialdifonzobo @chantalladesou @theatredelaportesaintmartin @jean_robert_charrier 📸 @jeanlouis.fernandez