Aujourd’hui, j’ai imaginé pour @lorientlejour_olj une lettre que nous écrit le COVID-19 (link in bio). En voici un extrait : « Vous ouvrez vos frigos, tous ces animaux que vous avez dévorés, peut-être pas des pangolins, mais des fermes entières, des organismes modifiés et des chairs transgéniques. Puis vous comptez vos machines qui bipent, les peaux qui reluisent dans vos dressings, les vols que vous avez empilés et vous voyez, là, comment vous avez étranglé la Terre. Vous comprenez aussi que la maison c’est en fait celle/celui dont la peau vous manque atrocement. La promesse d’un « Viens dans mes bras » ne vous a jamais semblé aussi précieuse. Quant à vos grands-parents qui ne me survivront peut-être pas, vous regrettez le temps perdu loin d’eux, à les écarter parce qu’ils écoutent mal ou ne voient plus. De votre lit, vous remettez en question la notion de l’école et du travail, ces nuits passées à trimer comme des zombies, à faire de l’argent, pour de misérables vacances qu’aujourd’hui, mon invisibilité a annulé. Vous vous retournez vers les journalistes, les vrais, et vous vous pardonnez mal d’y avoir préféré vos bloggeuses, pathétiques répliques des Kardashian. Et quand vos risibles dirigeants rabâchent leur sempiternelle rhétorique de guerre, vous buvez les mots du Pr Raoult, du Dr Fauci, du Pr Nasnas. Le corps médical, vous avez envie de vous prosterner devant eux, comprenant enfin l’urgence d’investir davantage dans la santé. Tout d’un coup, vous sautent aux yeux tous ceux que la gomme du capitalisme avait invibilisés, caissiers, livreurs, femmes en ligne de front à la maison, femmes en ligne de mire partout, prisonniers et SDF. Et le racisme idiot envers la Chine, d’abord crachée dessus, puis lâchement érigée comme modèle. Vous vous sentez tellement nuls et ridicules. Alors vous sortez prendre l’air. La nature n’a jamais été aussi belle que depuis que vous l’avez laissée tranquille. La ville, jamais aussi laide, depuis que vous y avez mis les pieds. Et là, la tête baissée comme un enfant puni, vous réalisez que ce qui arrive n’est pas à cause de moi, d’un pangolin, d’une chauve-souris ou d’un labo machiavélique de Wuhan. Vous êtes votre propre virus. »